LES NOUVEAUX BISTROTS DE GENÈVE et les incontournables, avec Marie Battiston et Olivier Vogelsang, photographe, édition VII, Genève, Slatkine, 2015.

” Un phare dans la nuit. Une plume d’une grande vivacité.”  – LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ

” Un vent de fraîcheur!” – RADIO VOSTOK

” Inimitable. Un style vif et empreint de nostalgie.”  – LE CAFETIER

” Toujours une même exigence: des lieux, des gens, des atmosphères”   – CUISINE DE SAISON

” Une boussole. Des tranches de vie et un traité économico-sociologique.”  – TRIBUNE DE GENEVE

” A consulter à chaque fois que vous aurez faim.”  LE CHENOIS

 

Le guide des bistrots de Nicolas Burgy et André Klopmann a fait référence durant douze ans. La recette? Indépendance, ligne, anecdote et style. Pour cette septière édition, les auteurs s’adjoignent Marie Battiston. Le regard de cette jeune complice enrichit leur approche.

A travers les bistrots, les auteurs racontent une Genève exigeante et populaire. Ils restituent des ambiances et des parcours, Ils décrivent des expériences et des cafés. Ils ont tout revisité, distinguant nouveaux, redécouvertes et incontournables. La préface s’inscrit entre chronique et sociologie. (voir “premières lignes”)
A écouter:
RSR – La Première, “Bille en tête” avec Duja et Philippe Ligron :
http://www.rts.ch/audio/la-1ere/programmes/bille-en-tete/7289044-susse-genferei-5-5-11-12-2015.html

http://www.rts.ch/audio/la-1ere/programmes/bille-en-tete/7293391-bille-en-tete-13-12-2015.html
Radio Vostok, avec Charles Menger :
https://www.mixcloud.com/RadioVostok/les-nouveaux-bistrots-de-gen%C3%A8ve/

 

Premières lignes :
–  Alors, ces bistrots, vous les refaites ou quoi ?

C’était flatteur mais cela devenait pesant. Pas moyen d’entrer dans une librairie ou de s’asseoir en terrasse sans que la question nous soit posée. En même temps, c’était extraordinairement touchant. Vous étiez si nombreux à nous lire !

Il faut qu’on vous explique.

Après six éditions, il convenait de laisser du temps au temps. De se ressourcer. Se réorganiser. Ecrire d’autres livres. Filer en Toscane ou en Provence, histoire de changer d’air. Puis reprendre à Genève le fil de nos restaus. Observer toujours le mouvement, les tournus et les effets de la mode. Mais, pour un temps, sans mot dire. Sans foncer sur le clavier, la plume ou le stylo. Nos ballades après tout ne tiennent ni du procédé ni de la routine. Elles ne s’accommodent d’aucune pratique systématique. Nous allons où nos pieds nous mènent. Nos chroniques, ce n’est pas du couper-coller. Le danger de la répétition guettait et la pause nous a paru nécessaire. Car le risque, quand on suit ses pieds (c’est très intelligent, les pieds, dit Prévert), c’est qu’ils nous ramènent au point de départ. L’attention, la curiosité et l’observation critique s’aiguisent avec le recul. Encore faut-il savoir le prendre. Alors oui : au risque de décevoir les milliers de lecteurs qui nous ont suivis fidèlement de 2000 à 2012, nous avons osé le repli. Jusqu’au jour où…

Jusqu’au jour où nous avons rencontré Marie.

C’était beau comme du Brel. Nous la cherchions mais ne la connaissions pas. Et puis voilà. Elle est arrivée. Fine gourmette, baroudeuse, palais avisé, œil ouvert : un peu nous mais en version fille. En âge aussi d’être la nôtre. Elle s’y connaît en tendances et en breuvages. Passés les tests, nous avons fait affaire au Pied de Cochon. Puis débouché force bouteilles au Café de la Paix, repris par Florian Le Bouhec (L’Artichaut) après le passage rapide du tandem Dumont-Dupraz, lui-même successeur de Manu Hausermann (La Guinguette). Marie ne connaissait pas l’histoire de ce café centenaire qui a connu bien des avatars. Nous, oui. Cela fait bien trente ans que nous y patinons le gosier. Nous avons connu aussi Gérard Le Bouhec, le père, un grand chef. Pas elle. Marie, c’est la génération Florian, le fils, très doué aussi. Magie des lieux. La Paix a réuni de vieux habitués des murs et une groupie du nouveau chef. Parfait ! Ainsi le duo est-il devenu trio. Le renouveau allié à la tradition, c’est l’assurance de débats enrichissants.
(…)
Le style et la méthode n’ont pas changé. Bienveillance toujours ; exigence assurément. Nous sommes vous. Des clients ordinaires, des consommateurs moyens. Pas des critiques analysant la cuisson du haricot ou mesurant l’arrondi du petit pois. Encore moins des internautes éructant des expertises déstructurées et souvent écervelées. Trop de doctes éruptifs shootés à « Super Chef » abusent de l’impunité d’internet pour déverser sans mesure et sans compétence, tour à tour, fiel et miel. On ne peut pas généraliser mais beaucoup, nous le voyons bien, n’aiment pas la table et ne connaissent pas le métier. Ils aiment le pouvoir d’internet et pas les gens. Nous, c’est le contraire. Ces justiciers masqués sévissent sans recul sur des sites dont certains filtrent contre paiement les commentaires désagréables. « S’ils ne sont pas servis en 30 secondes, ils râlent et zappent », nous glisse un restaurateur. C’est l’ère du zapping. Tout, tout de suite et si possible pasteurisé.  « Ils se croient compétents mais ne différencient pas une queue de langouste d’un scampi ou une truffe du Périgord d’un melanosporum chinois », nous glisse un autre. Ces sites, donc, ne nous intéressent pas. En plus, il traîne sur internet des tonnes de prétendus commentaires concernant des restaurants fermés, ou repris, c’est dire. Nous respectons en revanche les blogs personnels, dont beaucoup sont sérieux et sont entretenus. Ils permettent une identification à un style ou à un esprit.
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